La belle histoire des soeurs de Sainte-Anne à Rawdon

C’est en 1865 que deux religieuses de la Congrégation des Sœurs de Sainte-Anne (1) sont arrivées à Rawdon. Ce serait à la demande du clergé, l’abbé Hercule-Thomas Clément que la Congrégation aurait accepté d’envoyer sœur Marie-Xavier et sœur Marie-Mathilde pour enseigner aux jeunes filles. À ses débuts, c’était une école primaire de filles pour ensuite s’y ajouter le secondaire. Ce sera principalement l’implantation du cours commercial bilingue qui fera sa grande renommée au Québec, partout au Canada et en Nouvelle-Angleterre, tout comme pour le St-Anselm’s College à la même époque (aujourd’hui le Collège Champagneur également situé sur la rue Queen).

Un peu d’histoire

Rappelons que le début des Sœurs de Sainte-Anne à Rawdon en 1865 s’est fait de façon très modeste. À leur arrivée, elles se sont installées dans une maison que la Congrégation avait obtenue de Richard-Edward Corcoran en échange de l’éducation et l’hébergement de ses deux filles. (2) Quelques mois plus tard, l’incendie de la maison a obligé les deux religieuses à retourner à Saint-Jacques (3) pour quelques mois seulement puisqu’en 1866, elles sont revenues habiter dans une vieille maison prêtée par M. Alexander Daly. Elle était située à l’extrémité de la 6e avenue. À cette époque, l’école était fréquentée par une quinzaine d’élèves dont cinq pensionnaires. C’est à l’occasion de la visite pastorale de Monseigneur Bourget que ce dernier a fermé l’école trop vétuste et qu’il a obligé l’abbé J. Octave Rémillard de voir à mettre en priorité la construction d’un véritable couvent pour les sœurs et de faire des quêtes dans sa paroisse et dans les environs. (4)

Les vrais débuts du couvent

On pourrait donc dire que les vrais débuts du Couvent des Sœurs de Sainte-Anne remontent à 1867, date de sa construction sur un terrain en face de l’église catholique sur la rue Queen offert par la Fabrique de la paroisse Saint-Patrice.  Ce nouveau couvent a été construit par Charles Magnan pour la somme de 4 000$. Le couvent recevait vingt-cinq élèves et deux religieuses.

Couvent Sainte-Anne, trois étages et kiosque à musique

Dès 1878, un agrandissement
était déjà devenu nécessaire. Puis
suivra un deuxième agrandissement d’envergure c’est-à-dire l’ajout d’un
étage complet avec un toit français et des balcons en 1890.

Le couvent a continué d’attirer une clientèle attirée par sa réputation de rare couvent bilingue avec une formation de très haute qualité.

Groupe d'élèves du Couvent de Rawdon

En 1902, le couvent recevait de plus en plus d’élèves (126 élèves pour 10 religieuses). Son essor rapide et remarquable l’obligea à agrandir à nouveau. Cette fois, il s’agit de la construction d’une annexe en bois de 3 étages.

Couvent Sainte-Anne, quatre étages, deux annexes et kiosque à musique

Ce sera suivi d’une deuxième annexe en 1921 et tous les murs extérieurs ont été recouverts de briques rouges. 

C’est à partir de 1938 que le cours commercial anglais a été offert et a ainsi recruté des filles de plusieurs régions du Québec. Pendant toutes ces années, cette maison d’enseignement a formé de nombreuses étudiantes que ce soit par le cours commercial anglais ou par le secondaire régulier avec enseignement intensif de l’anglais.

C’est ainsi qu’au cours de toutes ces années, avec l’achat de terrains voisins et avec toutes ces améliorations, les religieuses ont su faire des transformations à l’édifice pour qu’il soit plus fonctionnel dans sa vocation de lieu d’enseignement, mais aussi à privilégier la beauté architecturale et un aménagement paysager attrayant.

Une page qui se tourne

L’année 1986 marque la fin de la présence des religieuses et la vente du couvent pour devenir le Manoir Sainte-Anne (5) et une résidence pour personnes âgées.

 

 

Le Couvent Sainte-Anne devenu résidence pour personnes âgées

Après la revente de la résidence et à la suite d’importants travaux d’agrandissement et de rénovation, la Résidence Sainte-Anne a conservé sa vocation de résidence pour personnes âgées. Un incendie majeur en 2021 a détruit toute la partie centrale, c’est-à-dire la plus ancienne partie du couvent.

Maquette de la Résidence Sainte-Anne en 2023

C’est au début 2024 que s’est terminé la nouvelle construction et en a fait un imposant complexe résidentiel pour aînés autonomes ou semi-autonomes. Fait important, la nouvelle résidence a préservé en grande partie l’architecture remarquable de l’ancien couvent Sainte-Anne avec son kiosque à musique en bois et la statue de Sainte-Anne.

Une description de l’architecture du couvent en 1882 est disponible dans le site de la Résidence Sainte-Anne où on explique que l’édifice était de style Second Empire et comprenait, à l’origine, un bâtiment principal, un toit en tôle canadienne, une vaste galerie et un balcon, un clocher surmonté d’une horloge ainsi que des lucarnes circulaires.»

  1. … La Congrégation des Sœurs de Sainte-Anne est un produit typiquement québécois. La congrégation a été fondée en 1850 à Vaudreuil par Esther Blondin, avec comme principal objectif de remédier à la situation pitoyable des écoles rurales de l’époque.  Toutes les régions du Québec, le Canada francophone, la Nouvelle-Angleterre, puis des pays de mission bénéficieront des enseignements des Sœurs de Sainte-Anne. Marie-Esther Sureau dit Blondin, la fondatrice de la Congrégation, a été béatifiée Bienheureuse Mère Marie-Anne, le 29 avril 2001, par le Pape Jean-Paul II. Source : Un siècle de vie scolaire à Val-David par Paul Carl
  2. Les deux filles de Richard Corcoran qui ont fait partie des 15 premières filles à étudier avec les sœurs Sainte-Anne sont aussi devenues des religieuses de Sainte-Anne.
  3. Les Sœurs de Sainte-Anne étaient déjà présentes dans les environs depuis 1853 grâce au curé Paré de Saint-Jacques qui leur avait donné un couvent. 
  4. En 1866, la maison prêtée aux religieuses par Alexandre Daly était tellement vétuste qu’on la surnommait ironiquement « Le Château ».
  5. En 1987 , les premiers propriétaires de la résidence pour ainés étaient Laura et Charles Desrosiers. Selon Madame Desrosiers, on l’appelait le Manoir Desrosiers. Ils ont été propriétaires pour une courte durée et y demeuraient avec leurs deux enfants. Elle ajoute : « On avait plus d’acheteurs que de clients! Quelques religieuses faisaient partie de nos résidentes. C’était énormément de travail pour nous… » Elle a remis tous les plans et divers documents de la résidence à la Municipalité de Rawdon.

Sources :

  • Rawdon : 175 ans d’histoire de 1799-1974 Marcel Fournier, p.141 à 168
  • Une bien belle histoire 1837- 1987, Gérard Brady, p.167-172
  • Histoire des Sœurs de Sainte-Anne : les premiers cinquante ans, 1850-1900 /| BAnQ numérique p.169-171
  • Rawdon History.com
  • Up to Rawdon/Daniel Parkinson, pages 1139-1140 et mises à jour (Updates – Text + Photo)
  • Photo des élèves : BAnQ 
  • Couvent Sainte-Anne, quatre étages, deux annexes et kiosque à musique, BAnQ

https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/4164337?docref=Gt26TPmzPnyX2UvaaqxFcA

Saviez-vous que…

Dans les années 1950, la commission scolaire payait les frais de scolarité des jeunes filles de Rawdon qui fréquentaient le Couvent Sainte-Anne en 8e et 9e : 10$ par mois. Cependant, pour les garçons qui fréquentaient le Collège Champagneur, elle payait 15$ /mois.

En 100 ans (1865 à 1965), 14,195 étudiantes ont fréquenté le couvent. 662 ont obtenu leur diplôme d’Instruction Publique et 560 leur diplôme du cours commercial anglais.

Une quinzaine de jeunes filles de la paroisse de Rawdon sont devenues religieuses des Sœurs de Sainte-Anne. À ce jour et à notre connaissance, mentionnons :

  •  Mary Lane, sœur Marie-de-la-Conception (1858-1915), fille aînée de Thomas Lane. Elle a œuvré pendant 57 ans dans l’Ouest canadien.
  •  Thérèsa Daly, sœur Marie-Béatrice (1869-1923), qui a aussi œuvré pendant 26 ans dans Ouest canadien.
  •  Elisabeth Rowan (1872-1901), sœur Marie-Anne-de-Jésus qui y a vécu pendant vingt-sept ans, dont quatorze comme provinciale des maisons de Ouest canadien.
  •  Madeleine Perreault (1939-1997) sœur Marie-Louise Madeleine.
  •  Ida Rivest (1946-2006), sœur Marie-Rolland-de-la-Croix.
  •  Suzanne Charbonneau (1947-2012), sœur Marie-Jean-Benoît.
  •  Marielle Lacasse (1947-2013), sœur Marie-Pierre-de-Galilée.
  •  Clémence Rivest (1949-1973), sœur Marie-André-de-Sienne.
  •  Aline Rivest (1949-2004), sœur Marie-Reine Aline.
  •  Claire Brousseau (1956-2000), sœur Marie-Léon-du-Sauveur.
  •  Lorette Lane (1959 …), sœur Marie-du-Cœur-de-Jésus.
  •  Cécile Chevrette (1962…), sœur Marie-Lucie-de-la-Trinité.
  •  Monique Pelletier (1962…), sœur Monique-du-Cœur-de-Marie.
  •  Denise Breault (1963 …)  soeur Reine-Maria.
Soeur Gabrielle-de-Jésus

Gabrielle Paradis (…-1985), sœur Gabrielle-de-Jésus. Elle était la sœur aînée de Wenceslas Paradis. Directrice à l’école Dubois de Saint-Jérôme dans les années 1950-1960 et par la suite économe du Couvent de Rawdon jusqu’à sa retraite.