D’un territoire inhabité au début du 19e siècle, la population qui réside dans la municipalité de Rawdon au recensement de 2021 approche les 12 000 personnes. Afin d’apprécier l’évolution de Rawdon depuis sa création, le tableau suivant fait état de sa population selon divers recensements effectués au fil du temps.

Recensements

Références - Recnesements

Du début au milieu du 19e siècle

La population de Rawdon a connu une croissance très rapide au cours de ses premières décennies d’existence. Depuis l’arrivée des premiers colons vers 1816-1817, la population a augmenté rapidement jusqu’à dépasser les 2600 personnes lors du recensement de 1844. Cette croissance ne s’est pas faite sans heurts. Il faudra d’ailleurs attendre plus de 100 ans plus tard avant que Rawdon ne retrouve cette population initiale.

Diverses sources ont documenté ces peuplements quelque peu chaotiques dans de nouvelles régions. Normand Séguin[1] les décrit comme des réponses individuelles et spontanées à la poussée démographique et à l’offre de travail. La population devançait les arpenteurs et la prise de terre s’effectuait dans le désordre, en l’absence de toute forme d’organisation et d’autorité civile. Marcel Fournier[2] mentionne d’ailleurs que plusieurs habitants de la seigneurie Saint-Sulpice s’étaient installés dans le premier rang du canton de Rawdon. En parallèle, le gouvernement de l’époque avait émis à plusieurs personnes des billets de location qui devaient se transformer en lettres patentes une fois les conditions du billet de location remplies. Joseph Bouchette, à l’annexe A d’un rapport publié en 1825[3], fait notamment état de certains de ces conflits d’occupation du territoire. Nancy Gadoury, dans un mémoire produit en 2004[4], rapporte qu’en 1824, Rawdon comptait 108 lots occupés. Sur ceux-ci, il y avait 30 squatteurs et 37 n’avaient pas leurs titres de propriété. En fait, 35 occupants seulement possédaient des titres en bonne et due forme. Soixante-quatre sur les 108 obtinrent un jour leurs lettres patentes. Il convient de préciser que le territoire initial du Canton de Rawdon consistait en un carré de 10 mi. X 10 mi avec 11 rangs comptant chacun 28 lots de 200 acres.

[1] Normand Séguin, La conquête du sol au 19e siècle

[2] Marcel Fournier, Rawdon : 175 ans d’histoire, 1974

[3] Joseph Bouchette, General Report of an Official Tour through the New Settlements of the Province of Lower Canada, 1825

[4] Nancy Gadoury, L’encadrement du mouvement de colonisation dans le piedmont des Laurentides dans Lanaudière de 1810 à 1880, Université du Québec à Trois-Rivières, 2004

Les années 1850-1900

Pendant les quelque cinquante années qui suivront, Rawdon a vu cette population diminuer au point d’atteindre un creux d’environ 1100 résidents au début du 20e siècle. Deux facteurs principaux expliqueraient cette diminution. D’une part, Rawdon a été amputé de parties de son territoire pour permettre la création de municipalités voisines. La paroisse de Sainte-Julienne reconnue par l’église en 1848, la paroisse de Saint-Liguori créée en 1852 et le canton de Chertsey fondé en 1856 ont donc influencé les recensements de population. D’autre part, selon certains historiens, plusieurs familles d’Irlandais auraient quitté déçus des faibles rendements agricoles du territoire. Marcel Fournier précise « Beaucoup de jeunes abandonnaient la terre pour les États-Unis et s’installaient dans des régions en plein progrès industriel tels que Détroit, le Wisconsin ou le Lac Supérieur. Il ajoute « Cette régression était causée par plusieurs facteurs inévitables : l’appauvrissement du sol, (on ignorait les engrais chimiques) le déboisement des forêts, (on ne pratiquait pas de coupes sélectives) et la rareté de la faune (on ne chassait pas raisonnablement) ».

Le 20e siècle

Du début du XXe siècle à ce jour, Rawdon a vu sa population croitre de façon presque ininterrompue et ce, en dépit des guerres, récessions économiques et autres aléas. Justifiée sur le plan économique pour l’exportation de produits forestiers et, dans une moindre mesure, des produits agricoles, la construction de la voie ferrée, avec l’arrivée des premiers passagers à Rawdon en août 1910, donne le coup d’envoi au développement de l’industrie touristique. L’arrivée de l’électricité en 1912 avec la construction du barrage et de la centrale électrique viendra accentuer ce développement. De nombreux montréalais en viennent à découvrir les charmes de Rawdon, à y pratiquer leurs sports préférés et éventuellement à y construire une résidence secondaire. Plusieurs parmi eux avaient émigré d’abord de Russie et de Pologne. Ils furent rapidement suivis de nombreux autres groupes en provenance d’Europe de l’est. L’un d’entre eux[1], dans son autobiographie, reconnaissait d’ailleurs que la région de Rawdon ressemblait aux montagnes Beskidy en Pologne et y retrouvait, en quelque sorte, un second chez soi. La présence de ces différentes communautés ethniques et linguistiques s’est avérée des plus enrichissantes et confère un cachet distinctif à la municipalité. L’industrie touristique a certes influencé l’occupation du territoire de Rawdon. Les informations provenant du rôle d’évaluation de janvier 2017 de la Municipalité Régionale de Comté de la Matawinie font ressortir l’importance des résidences secondaires et chalets pour Rawdon. En effet, 542 des 7153 résidences (ou 7,6%) étaient identifiées comme résidence secondaire. Les statistiques disponibles dans le Schéma d’aménagement et de développement de la Municipalité Régionale de Comté de la Matawinie évaluaient la population saisonnière de Rawdon à 3 971 personnes.

Sur le plan administratif, il convient de souligner que, durant presque tout le 20e siècle, le Village de Rawdon et le Canton de Rawdon relevaient de deux administrations municipales distinctes. Un processus de fusion municipale a permis de regrouper ces deux administrations et de constituer la Municipalité de Rawdon au début du 21e siècle.

[1] Franciszek Moskal, The Passions of an Optimist, Arzed Edition, 2005