Certaines données historiques permettent d’établir le véritable début de la colonisation de Rawdon vers les années 1816-1817.

Ainsi, en 1817, une route de colonisation reliait Saint-Jacques-de-l’Achigan aux premiers rangs de Rawdon. Également à la même époque, nous savons que le curé de Saint-Jacques, M. Jean-Marie Madran, baptisait des enfants de colons irlandais qui étaient venus s’établir à Rawdon.

À ce sujet, dans son livre « Une bien belle histoire », l’auteur Gérard Brady traite ainsi de la venue des Irlandais à Rawdon :

« Il est notoire qu’un bon nombre d’immigrants irlandais vinrent défricher des terres à Rawdon entre 1816 et 1820. En général, ils avaient fui l’Irlande où la révolution, les harcèlements, la misère rendaient l’existence fort pénible.

Il est fort probable que des Canadiens français se joignirent à ces premiers colons catholiques à s’établir dans Kildare et Rawdon. Mais, ayant cela en commun, les Irlandais et les francophones d’origine canadienne ou acadienne ne se formalisaient pas outre mesure face aux embêtements de la loi et de la bureaucratie. Aussi s’établissaient-ils, parfois, là où ça leur faisait plaisir sans posséder le moindre titre de propriété, de billet de location ou d’autorisation quelconque.

Un bon nombre furent de véritables “squatters” de sorte que leurs noms ne figurent évidemment pas sur les premières listes des officiels détenteurs de concessions. Ces listes étaient de nature à laisser croire que les pionniers de Rawdon et de Kildare furent presque exclusivement des anglophones d’origine anglaise, écossaise ou américaine.

Il ne subsiste toutefois aucun doute, aujourd’hui, que c’est principalement aux Irlandais que l’on doit le début de la colonisation de la région. Nous devons vraiment leur attribuer le titre de fondateurs de Rawdon. D’ailleurs les documents officiels de l’époque évaluent, en 1819, la population à 60 personnes, presque toutes d’origine irlandaise. »

Gérard Brady, Une bien belle histoire, 1987, p. 29

La colonisation de Rawdon se poursuit en 1820 avec la venue d’autres groupes ethniques. Ainsi note-t-on l’arrivée d’Écossais (en provenance de Montréal et de New Glasgow), d’Anglais (Montréal et Terrebonne), de loyalistes américains (Nouvelle-Angleterre) et de quelques familles canadiennes-françaises du village voisin de Saint-Jacques. Certains militaires y obtiennent également des terres en guise de remerciement pour leurs services au sein de l’armée de Sa Majesté. Ce sont pratiquement les seuls à détenir des billets de location en bonne et due forme.

Pour remédier à la situation d’illégalité de nombreux colons qui ne sont ni plus ni moins que des squatters, le Comité des terres de la Couronne décide d’émettre, en juillet 1820, les premiers billets de location aux colons fraîchement installés. Il en est toutefois autrement pour les colons irlandais qui ne recevront pas leurs titres d’occupation légale avant 1824.

Entre-temps, de nombreux problèmes surgissent entre ces premiers colons « officiels » et les Irlandais déjà sur place. Comme ces derniers ne voient pas l’utilité de régulariser leur situation, on assiste à de nombreuses contestations de leur droit de propriété, ce qui envenime le climat entre les deux groupes.

En mai 1821, le gouvernement nomme donc M. Alexandre Rea comme agent des terres pour Rawdon avec mission de trouver une solution pour légaliser la situation des Irlandais. Il obtient également la responsabilité d’émettre les billets de location et d’en faire respecter les obligations à savoir : la construction d’une maison, la culture de quelques acres de terre, le versement de la location, etc.

Pour plus de précisions sur les débuts de la colonisation, une traduction du texte de Daniel Parkinson rédigé en langue anglaise et intitulé Rawdon Township Opened to Settlers in 1820 est présentée sur ce site.