En 1820, les conditions préalables au développement d’une nouvelle communauté sont réunies et, en 1823, Rawdon commence à prendre son envol. D’autres colons arrivent et les premiers reçoivent des titres de propriété pour les terres qu’ils défrichent. À cette époque, il s’agit surtout de cultivateurs d’origine britannique. Des entreprises de transformation des matières premières de la région comme des moulins à scie, des moulins à farine et des moulins à grains voient le jour.
En 1823, le révérend James Edmund Burton fut l’un des premiers résidents à recevoir des lettres patentes. Ecclésiastique de la classe dirigeante, il s’active aussi comme citoyen au sein de la communauté. Lors de son séjour à Rawdon, il publie une étude comparative sur l’agriculture. En cette même année, des cultivateurs deviennent propriétaires fonciers. Entre 1825 et 1835, 118 colons reçoivent leurs lettres patentes et deviennent ainsi légalement propriétaires de leurs terres. Rawdon connaît alors une période de progrès considérable.
En 1825, Joseph Bouchette, arpenteur général du Bas-Canada, publie un rapport rédigé en langue anglaise et intitulé « Official Tour Through the New Settlements of the Province of Lower Canada ». Il indique que la population de Rawdon se compose à 75 % d’Irlandais. Il note en outre que 796 acres de terre sont défrichées, dont 546 en culture et que les colons possèdent au total 44 maisons, 25 granges, 19 chevaux, 85 vaches, 27 porcs et 7 moutons.
De 1825 à 1832, Rawdon continue à se développer et à progresser. De nouvelles terres sont défrichées, on construit de nouvelles routes et de nouveaux ponts et la population continue de s’accroître. En 1832, l’arpenteur Bouchette publie un nouveau document où il fait encore référence à Rawdon. Ce texte nous permet de mieux mesurer la progression qu’a connue le canton entre les années 1825 et 1832. Voici ce qu’il écrit :
« La population est principalement composée d’émigrants d’Irlande, et les installations sont dans un état d’avancement acceptable. Les habitants tirent beaucoup d’avantages des excellents moulins à maïs et à scie de M. Dugas, situés sur le lot 24 du premier rang, d’où la route serpente et traverse l’intérieur du canton jusqu’au 7e rang. Depuis les moulins Manchester, à un mille au s. (sud) des moulins de Dugas, la route… traverse… une partie de Rawdon… dont un tiers n’est qu’un sentier pédestre. »
« Peu de cantons sont aussi bien arrosés que celui-ci, car il ne compte pas moins de quatre rivières en plus de petits ruisseaux. Ces rivières sont la Ouareau, la Rouge, la Blanche et une branche de la rivière Saint-Esprit… Chaque rivière est traversée par un ou plusieurs ponts… Il y a cinq ponts en tout, construits par les colons ».
« Le Grand Voyer (titre porté par l’inspecteur général des routes vers 1850) a tracé plusieurs routes de l’avant à l’arrière du canton, qui sont toutes actuellement praticables pour les charrettes […]. Une route est ouverte de ce T. (Township/canton) jusqu’à Berthier en passant par le Grand Rousseau (de St-Jacques – “le grand rang”). »
« Des quantités considérables de sucre d’érable sont produites dans ce T. (Township/canton) et le lin y est cultivé avec un certain succès. Le bétail est, de façon générale, de la petite race canadienne. Il y a une école publique dans ce canton… La meilleure façon de mettre en place des regroupements de population dans ce T. (Township/canton) serait de s’installer sur les bords de la rivière Lac Ouareau, qui présente de nombreux avantages, notamment l’excellente qualité du sol. »
Les statistiques citées révèlent que Rawdon dispose de trois moulins à maïs, quatre moulins à scie et huit potasseries. La population se chiffre à 850 personnes.
Joseph Bouchette, A Topographical Dictionary of the Province of Lower Canada, London, 1832 (traduction de l’anglais)
Rawdon connaît un nouvel essor en 1837 au moment où Mgr Lartigue, évêque de Telmesse et coadjuteur de l’évêque de Québec pour la division ecclésiastique de Montréal, érige Rawdon en paroisse catholique. Dès lors, de nombreux colons canadiens français délaissent les paroisses surpeuplées du sud pour venir s’établir à Rawdon.
Le recensement de 1844 établit la population de Rawdon à 2607 personnes. Elle se compose de 926 Canadiens français, 883 Canadiens anglais, 695 Irlandais, 64 Anglais, 23 Écossais, 2 Américains et 14 « autres ». Pour plus d’informations sur la population de Rawdon, suivez ce lien.
La croissance de Rawdon ne se limite pas à sa population. L’industrie et le commerce progressent également. On compte alors 465 maisons, 13 moulins à maïs, 9 moulins à scie, 21 potasseries, une boutique de forge, une tannerie et 4 auberges.
Si la présence de quelques familles canadiennes-françaises à Rawdon remonte au début des années 1820, ce n’est qu’à partir de 1850 qu’une communauté francophone s’est développée. Plusieurs familles quittent alors la vallée de Saint-Jacques pour s’établir sur le plateau de Rawdon. De confession catholique, la communauté canadienne-française participe activement au développement de la colonie, notamment grâce à l’abbé Landry qui réussit, après une lutte acharnée, à faire passer le chemin de fer jusqu’à Rawdon (1910). Ce chemin de fer contribua dans une large mesure au développement touristique et industriel de Rawdon.
Dans les années qui suivent, Rawdon continue de se développer et se dote de diverses institutions comme des conseils municipal et scolaire, et l’on voit apparaître des églises de différentes croyances. Puis, à compter de 1920-1930, Rawdon connaît une nouvelle vague d’immigration. Russes et Polonais sont les premiers à faire de Rawdon leur nouvelle terre de prédilection et à y établir des communautés d’importance. Ils sont bientôt suivis par des Hongrois, des Ukrainiens, des Allemands, des Tchécoslovaques et autres meurtris des deux grandes guerres (1914-18 et 1939-45).
Ces populations au profil diversifié ont constitué la base sur laquelle Rawdon a bâti son riche patrimoine multiculturel.